L’activité en Chine caracole toujours, les Etats-Unis paraissent en reprise ferme tandis que l’Union Européenne stagne. Les politiques monétaires demeurent accommodantes mais la sortie des mesures exceptionnelles inquiète sur la fin d’année. Enfin demeurent les risques systémiques manifestés par la dette grecque, la réglementation financière et la fin des mesures de relance.
Côté activité, tout va mieux en apparence, mais est-ce soutenable ?
L'indice américain ISM du climat des affaires s'inscrit largement au-dessus de 50 à 55,4 en début de mois, l’indice allemand composite à 55,9. La forte baisse du crédit à la consommation américaine en février a été partiellement compensée par les ventes de détail en mars (+1,6%), mais le niveau du chômage élevé, notamment de longue durée, milite pour la prudence à terme. Le chômage long devient vite structurel par inadaptation progressive de la main d'oeuvre aux emplois qui renaissent.
L’Europe ne réémerge que par ses exportations, la consommation intérieure reste atone. Si les exportations allemandes reprennent (+5,1% en février) mais après une forte chute en janvier (-6,4%), l'activité manufacturière reste étale (+0,4%). L’INSEE ne prévoit début avril pas de croissance forte pour la zone euro en 2010 mais seulement +0,2% au premier trimestre, +0,3% au second et +0,2% au troisième. Consommation comme investissement privé ne reprendraient que modestement vers l’été et le risque est un tour de vis fiscal dans certains Etats en fin d’année.
Les politiques monétaires en témoignent
Les taux de la BCE sont restés inchangés le 8 avril à 1%. Selon la banque, les bilans bancaires se stabilisent et le marché monétaire redevient normal. Mais elle pointe des surcapacités industrielles et une hausse du chômage pour limiter ses prévision d'inflation sur l'année (+1,4% en mars).
Aux Etats-Unis, les taux longs remontent mais les taux courts sont suspendus à la situation économique beaucoup plus qu'à l'inflation (+2,3% sur un an en mars). La Fed laisse entendre clairement qu'elle ne remontera ses taux que lorsque ce sera justifié économiquement - comme elle l'a toujours fait. Mais le message est particulièrement fort dans cette sortie de crise exceptionnelle. Ben Bernanke, lors de son audition, a répété que la reprise restait sous contrainte. La construction est un secteur fragile et les budgets des Etats et des collectivités territoriales sont tendus. Le chômage long est préoccupant et il faudra une croissance longue elle aussi pour rattraper les 8,5 millions d'emplois perdus.
Les principaux risques sont systémiques
Le refinancement de la dette grecque est un problème de confiance dans la viabilité du système euro. Les marchés sont surtout attentifs à la communication - que les élections allemandes inhibent jusqu'en mai. Cette situation d'anarchie pèse sur la monnaie qui est dévalorisée en tant que substitution au dollar. L’euro montre une fois de plus qu’elle n’est qu’une unité de compte d’une zone de libre-échange, pas la monnaie puissance d’une zone économico-politique.
La régulation des marchés financiers et du système bancaire, que Barack Obama libéré de sa lutte pour la couverture médicale entreprend désormais, laisse planer une série d’incertitudes sur la profitabilité des secteurs et sur qui sera le plus touché.
Les résultats trimestriels des sociétés qui publient sont meilleurs qu'attendus, mais cette incitation à l'optimisme est à tempérer. Le premier trimestre est toujours bon aux Etats-Unis et l'impact des plans de relance a donné un coup de fouet à la demande. La météo, la prime auto, le crédit d'impôt pour l'immobilier masquent une tendance de fond léthargique, tant il faut résorber les excès précédents dans la consommation et l'immobilier, sans compter les pertes d'épargne et d'emplois. L'inflation sous-jacente faible (+1,1% en mars) montre la faible confiance des consommateurs américains dans l'avenir.
La hausse de l'inflation dans l'UE (+1,6% en mars) est due à des facteurs que l'on dit temporaires - mais qui ne le sont peut-être pas tant que cela : la vague de froid et les prix des produits pétroliers. En phase de croissance quasi nulle, tout événement imprévu prend des proportions plus grandes. L'arrêt durant cinq jours des avions dans tout le nord de l'Europe va probablement faire baisser la croissance tout en renchérissant certains coûts (prix aériens, marchandises fragiles, assurances).
Qu’en est-il sur le marché ?
Depuis le début d’année, les secteurs favorisés par la bourse en Europe sont les cycliques sensibles au dollar : technologie, loisirs et tourisme, industrie et ressources de base. Les délaissés sont les secteurs domestiques et réglementés : télécoms et services aux collectivités. Les financières pâtissent des craintes sur la dette et des coûts climatiques. Les investisseurs cherchent les bénéfices où ils sont, dans les zones où la croissance existe. La baisse de l’euro favorise donc les exportatrices vers l’Asie et, dans une moindre mesure, les sociétés qui produisent aux Etats-Unis.
Si l’indice Standard & Poors américain reste sur une pente haussière, bien que plus faible, l’indice européen EuroStoxx est plus contrasté. Comme l’indice CAC 40, il peine à dépasser son précédent sommet, établissant une figure d’hésitation et laisser présager une correction d’ici peu.
L’adage boursier « Sell in May and go away » sera-t-il validé cette année ? Nous ne sommes pas loin de le penser.
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